Alimentation dans la tradition juive
Sous le terme de tradition juive se cachent plusieurs idées:
Ce qui est loi pure, émanation de la volonté de D.ieu telle qu'exprimée dans la Torah, loi écrite révélée à Moïse sur le Mont Sinaï, ou loi orale également révélée au Sinaï mais transmise oralement depuis Moïse jusqu'à sa codification dans le Talmud.
Ce qui est ordonnance rabbinique.
Ce qui est folklore et tradition locale.
Nous laisserons ce dernier chapitre aux spécialistes des recettes de cuisine, pour dégager les points essentiels de ce qui est prescrit par la Torah ou institué par nos Rabbins.

Mise à jour Juin 2016

Les lois alimentaires : En guise d'introduction

L'interdiction de consommer tout sang. - L'interdiction de consommer la chair des animaux impurs. - L'interdiction de consommer la chair d'un animal vivant. - L'abattage rituel. - La cachérisation. - Lait et viandes. - Vins. - Végétaux. - Cuisson par un juif. - Le pain - Laitages. - Chimie alimentaire. - Immersion de la vaisselle - Médicaments et cachrouth - L'alimentation au fil de l'année - Pessa'h - Laits maternisés et alimentation du jeune enfant

Les lois alimentaires : grandes lignes

Edictées dès la promulgation de la loi au Mont Sinaï, en l’an 2448 de la Création, elles sont basées sur le principe de la sanctification de la vie intérieure par le "manger saint".
L'éviction des animaux impurs doit donner à l'homme une pureté de l'esprit, sensible dans ses pensées, ses paroles et ses actions. A cette sanctification du contenu de l'assiette doit se joindre une sanctification de celui qui mange, par une retenue dans son comportement, et par les diverses bénédictions qui encadrent le repas.
A l'époque du Temple de Jérusalem, l'essentiel du Culte Juif était basé sur les sacrifices d'animaux, dont une part importante était consommée tant par les prêtres que par le propriétaire de l'offrande.
C'est dire la sainteté que recouvrait l'acte de manger. Les Sages disent que depuis la destruction du Temple nos tables remplacent l'Autel d'autrefois, et que c'est avec ce même recueillement qu'un juif doit se mettre à table.
S'agissant de manger pour en retirer les forces nécessaires à notre vie et au service de D.ieu, il faut que le "carburant" soit adéquat, au point que nos Sages enseignent que la prière de celui qui mange non Cachère, même involontairement, ne saurait monter devant D.ieu.
Les principes de la diététique juive ont étés conçus pour aider l'homme à contrôler ses instincts naturels. Il lui faut pour cela, prendre soin de son corps, instrument de l'âme, par une alimentation choisie. Une limite est cependant donnée: se borner à ce qui est le plus utile et avoir en vue le seul besoin de se nourrir, mais non le plaisir de la table...
Il est pour cela conseillé de ne manger que si on a faim, et non pour se rassasier l'œil ou le palais, de manger - ou boire - assis (au point que nos Sages disent que celui qui reste longtemps à table prolonge ses jours, et discutent du temps qu'il faut attendre avant de se lever de table une fois le repas terminé). Une solution simple étant de parler de sujets d'étude de la Loi avant de terminer le repas. Il est aussi recommandé de ne pas parler en mangeant, pour ne pas faire de fausse route alimentaire. Enfin de s'exonérer, si besoin, avant le repas et dans tous les cas ne jamais retenir ses besoins.
Cette hygiène spirituelle-alimentaire commence dès le plus jeune âge, et conditionne le développement harmonieux des facultés spirituelles de l'enfant. C'est pourquoi nous veillons dès que possible à ce que l'alimentation de nos enfants soit en conformité avec les exigences alimentaires que le Créateur nous a données.

La loi écrite, Torah, nous enseigne:

1 L'interdiction de consommer tout sang .
C'est une interdiction absolue, étendue depuis le sang humain (s'il était besoin de le dire), au sang de tous les animaux terrestres ou ailés, jusqu'au sang contenu dans les oeufs. C'est ce qui justifie la saignée de la viande lors de l'abattage, et la cachérisation de la viande pour en extirper les dernières gouttes de sang. Pour les oeufs, la moindre tache dans le jaune, et a fortiori un début de fécondation, fait jeter l'oeuf; les taches de sang dans le blanc pouvant théoriquement être ôtées: en fait les oeufs tachés sont inutilisés.
C'est pourquoi il est d'usage d'utiliser des oeufs blancs, provenant d'élevages intensifs, dont la qualité gustative perdue est remplacée par la rareté des taches donc une plus grande tranquillité et moins de gâchis pour la maîtresse de maison.

2 L'interdiction de consommer la chair des animaux impurs
ou tout ce qui en dérive, comme leur lait ou leurs oeufs. La définition des animaux impurs émane de la seule volonté du Créateur. Elle ne se recoupe ni avec des critères sanitaires, ni des qualités nutritionnelles. Elle était déjà connue de Noé, qui fit entrer dans l'Arche un couple d'animaux impurs et sept représentants de chacune des espèces pures. Ce n'est pourtant que mille cinq cent ans plus tard que la définition exacte est livrée dans le texte écrit au Sinaï, et la voici:

3 L'interdiction de consommer la chair d'un animal vivant.
Cette interdiction est d'ailleurs donnée dès Noé, ce qui signifie qu'à la différence des autres lois de la Torah, elle concerne également les non juifs.
Selon notre tradition, c'est effectivement vers toute l'Humanité que le Créateur s'est tourné, pour lui donner une règle de vie, façon de l'aimer et de le servir, les sept lois que D.ieu donna à la génération de Noa'h, à l'intention de tous les peuples de la terre, et qui s'imposent à toutes les nations, en tous temps, y compris de nos jours.
Ces lois, implicites dans le texte de la Torah sont détaillées dans le dernier livre (lois des Rois) de Maïmonide:

1 l'interdiction de l'idolâtrie
2 l'interdiction du meurtre.
3 l'interdiction du vol.
4 l'interdiction de l'inceste.
5 l'interdiction de blasphémer.
6 l'interdiction de consommer la chair d'un animal vivant.
7 l'obligation de se doter de tribunaux et de lois régissant la cité.

4 Abattage

Excepté les poissons (et les sauterelles...), les animaux doivent être abattus par section de la trachée et/ou de l'oesophage, pratiquée par un rabbin consciencieux et entraîné, le Cho'het, avec un couteau parfaitement aiguisé et sans dentelure.
Cette che'hita cause une saignée immédiate, une mort cérébrale instantanée. Elle est sans doute la méthode d'abattage la moins douloureuse, quoi qu'en disent ceux qui voudraient y mettre fin.

Je préfère la che'hita S'il est vrai que nous n'avons pas connaissance de méthodes en double aveugle pour vérifier scientifiquement la chose, nous en avons quelques approches. D'une part de bouchers, qui admettent que la viande cachère contient un sang moins noir que les autres, et d'autre part une constatation inattendue lors des mises au point de scanner: les cervelles d'animaux abattus par des rabbins étaient en parfait état, alors que celles des animaux préalablement étourdis étaient fort délabrées.

Un bref regard sur la littérature, ou une promenade dans les campagnes rappellera à certains les conditions d'abattage, pour ne pas dire d'exécutions des lapins, porcs et autres animaux domestiques, et à défaut les scènes de chasse: nos conditions d'abattage sont infiniment plus rapides et moins traumatisantes que l'usage des Nations.
La che'hita est suivie d'un examen anatomique de la bête, notamment au niveau pulmonaire, et toute lésion est discutée pour savoir si elle rend ou non l'animal impropre à la consommation. Cet examen vétérinaire obligatoire avant la lettre est mené avec une méthodologie extrêmement codifiée.
Rappelons que cet examen vétérinaire est pratiqué depuis plus de 3000 ans, alors qu'il ne s'est imposé en Occident que depuis la fin du 19ème siècle.
On consultera avec intérêt un dossier Che'hita en français
: http://www.col.fr/espaces/shehita.htm et notre chapitre controverse sur la che'hita.

Dans les milieux orthodoxes, on préfère ne consommer que les bêtes n'ayant aucune lésion, même tolérée, et examinées par un rabbin orthodoxe; c'est pourquoi certains plats préparés par les circuits usuels de cachrout seront considérés pour certains comme "pas assez cachers".
Ne peuvent être abattus que des animaux ayant certains critères de santé, et à ce titre l'anesthésie préalable par électrocution, ou l'étourdissement à la masse ou au pistolet sont incompatibles avec l'abattage rituel.
Ceci ne va pas sans soulever des problèmes légaux, notamment avec l'uniformisation des normes au sein de l'Europe, qui a cependant reconnu le droit de che'hita, mais plus encore en Suisse où la che'hita est interdite. La Suède rend obligatoire depuis 1937 l'étourdissement préalable des animaux, et de ce fait l'abattage rituel du gros bétail n'y a plus cours.
Certaines parties des pièces de bétail sont interdites à la consommation: certaines graisses du péritoine et péri-rénales, autrefois réservées aux offrandes, le nerf sciatique, que l'on doit ôter depuis une fameuse dispute entre Jacob et un ange, sous peine de ne pouvoir consommer les quartiers arrières.
Notons encore que la girafe, emmanchée d'un long cou serait un ruminant au sabot fendu, et que le seul obstacle à sa consommation serait que l'on ne sait à quel endroit du cou sectionner l'oesophage et la trachée, ou plus sérieusement le fait qu'aucun chohet n'a reçu de tradition quant à sa consommation.

5 Cachérisation

Après avoir été tué, l'animal s'est vidé naturellement de son sang, mais il est obligatoire de compléter cette saignée vasculaire par une saignée tissulaire: soit par grillade de la viande directement sur la flamme, et le jus ne peut alors être récupéré, soit par salage de la viande au gros sel, durant une heure, après trempage préalable: la viande est ensuite rincée plusieurs fois pour ôter toute trace du sang ainsi hémolysé, puis permise à la cuisson et à la consommation. Compte tenu de ces préparatifs, il est rare dans les communautés européennes de consommer de la viande crue. La teneur en sel de cette viande peut par contre être élevée, et dépend du doigté de la ménagère ou du boucher choisi. Le salage de la viande par grosses pièces, en boucherie même, ou le recours direct à la grillade doit être suggéré lors d'un régime désodé.
Le foie ne peut être cachérisé que par grillade, comme certains autres abats.

6 Mélanges interdits

La loi interdit encore la cuisson de lait et de viande mélangés: tant à la préparation, qu'à la consommation voire à la vente.
Nos Sages ont étendu ceci aux mélanges sans cuisson. C'est à ce titre que toute cuisine juive comporte des ustensiles voire un évier et une plaque de cuisson, réservés à la consommation et à la préparation de la viande, et un jeu destiné aux laitages.
Après des laitages on attend une demi heure à une heure pour consommer des viandes, parfois six heures après la consommation de certains fromages à pâte dure, ou cuite. Après la viande on attend six heures pour consommer du lait: le temps de digestion est estimé plus long. Une réduction de ces délais peut être envisagée pour des malades, ou pour des nourrissons en cas de besoin.
Nos sages ont recommandé de ne pas mélanger dans un même aliment poisson et viande, et poisson et lait. Cependant, le poisson peut être mangé indifféremment dans une vaisselle de lait ou de viande.
Les vaisselles ne sont pas interchangeables, sauf à les "cachériser", afin d'enlever jusqu'au reste de goût des mets contenus précédemment dans l'ustensile. Ceci se fait en chauffant au rouge les ustensiles métalliques utilisés à chaud, ou en ébouillantant les autres ustensiles. Il est prudent de consulter une personne compétente avant toute tentative de cachérisation.
C'est cette même obligation de vaisselle spécifique qui ne permet pas de consommer des aliments cuits ou servis dans une vaisselle servant aussi à des mets non cachers, ou réchauffés dans un four en même temps que ces mets.
Il vous sera parfois demandé, à vous agents hospitaliers ou hôtesses de l'air, de réchauffer au four des aliments enveloppés dans une feuille d'aluminium, ou sans en ôter le couvercle pour éviter le contact avec les parties du four utilisées pour des aliments non cacher, des projections ou des mélanges.

Certaines règles de tolérance peuvent tempérer les mélanges accidentels lorsqu'un aliment interdit a pu être mélangé à un aliment permis, ou que du lait et de la viande ont pu être mélangés dans un plat. Parfois la quantité sera considérée comme insignifiante si le mélange porte sur une toute petite partie dans une grande partie, parfois on tiendra compte que le goût de l'interdit est ou non passé dans le mélange, et si cela représente une amélioration ou au contraire une dénaturation du plat d'origine. Ces considérations ne doivent pas être prises en compte a priori, et sont d'un domaine rabbinique complexe.

7 Vins

Depuis les temps les plus reculés, le vin a été utilisé par toutes les religions pour le culte. A ce titre, pour ne pas utiliser de vin destiné à un culte autre, la Torah a interdit l'usage et la consommation des boissons à base de raisin ou d'alcool de raisin, et tout produit du pressoir qui n'auraient pas été fabriqués sous le contrôle d'un rabbin compétent, ou qui auraient été manipulés par un non juif. Ceci s'étend jusqu'au vinaigre, l'huile de pépins de raisin ou le sucre de raisins.
Bien que cette situation ne soit plus valable aujourd'hui, les règlements concernant le vin et ses dérivés restent toujours en vigueur.
La fabrication du vin cacher commence par une cueillette manuelle, car grappes peuvent subir un processus de serrage (donc de pression, déclenchée hors surveillance rabbinique) prévu dans les bennes de cueillette automatisées. Cachérisation des circuits des pressoirs, pompes, tuyauteries, cuves de fermentation, stockage. Les robinets et tuyauteries doivent être "plombées" durant: la fermentation qui peut prendre près de trois semaines, en l'absence des surveillants de cacherout.
L'étape de fermentation fait appel à divers additifs, parmi lesquels on peut trouver: sulfites, sucres …, milieux nutritifs, clarifiants, conservateurs, enzymes, alcools divers (non cachers ou hamets). Mais aussi; colle de poisson, gélatine, poudre de sang, acide tartrique, glycérine, tous produits incompatibles avec l'art du cacher (Source: S. Msika, Cachère Magazine n°7, Oct 1991).
Lire un extrait de "La Maison Juive" consacré aux vins.

8 Certaines restrictions dans le domaine végétal:

Les productions de la terre d'Israël sont soumises à la dîme, à l'interdiction du travail agricole durant l'année sabbatique, à l'interdiction des fruits de l'arbre durant les trois premières années de sa plantation, à l'interdiction de mêler dans un même champ de la vigne et des céréales ou des légumes. Il est encore interdit de consommer des céréales (plantées après l'offrande traditionnelle du Omer, le second jour de Pessa'h) avant l'offrande du Omer de l'année suivante ('hadach"). Cette interdiction n'a pas d'objet sous le climat d'Europe de l'Ouest où les blés ne sont pas récoltés avant la fête.

9 Cuisson par un juif

Pour toutes les raisons énumérées, l'usage veut de ne consommer que des aliments cuisinés par un juif ou en présence d'un juif.(Bichoul Israël).
 
9 bis Le pain
Ceci est également valable pour le pain (Afiyat Israël). Il est d'usage que l'allumage du four ou des plaques soit fait par un juif, juif conscient de l'importance de la Mitsvah en guise de participation à la préparation des mets. On ne notera que la France est actuellement un des rares pays au monde où l'on peut consommer du pain du coin de la rue sans trop de risques. Ailleurs, les législations permettent l'ajout de graisses animales ou lactiques et de divers composants non permis.
A noter que des modifications récentes des procédés de fabrication - et les fluctuations du cours des matières premières- font que la plupart des levures de panification, dans leur présentation pour la ménagère, sont, en France et à ce jour, fabriquées à partir d'un alcool vinique qui les rend interdit.
La seule usine en France fabricant une levure sans problème est l'usine LESSAFFRE-FOULD-SPRINGER de Maisons Alfort. L'emballage porte le code emballeur EMB 94046C. Les levures en petit paquet de 42gr ne doivent être achetées que sous surveillance rabbinique.
La législation autorise également l'adjonction à la farine de divers additifs et l'usage de procédés enzymatiques parfois troubles aux yeux du spécialiste en cacherout.

10 Laitages

De même on ne consomme que des laitages traits ou préparés en présence d'un juif (Halav Israël). Cet usage remonte à l'époque où se vendait du lait d'ânesse, de truie ou de chamelle. Il est resté de règle dans de nombreuses communautés.
Les fromages doivent également être élaborés sous surveillance rabbinique, notamment pour exclure l'usage de présure d'origine interdite. Les présures actuellement utilisées pour les fromages cachères sont chimiques ou végétales (par fermentation de moisissures végétales cultivées sur milieu biologique cacher), voire obtenu par génie génétique, ou proviennent d'animaux abattus rituellement.
Certains fromages réputés ou d'appellation ne peuvent être fabriqués qu'avec de la présure animale et le producteur doit alors avoir recours à une présure provenant d'animaux abattus rituellement.
De plus, certaines moisissures qui recouvrent le fromage (voire le bleu à l'intérieur) peuvent parfois avoir été cultivées sur milieu de blé, donc poser problème pour une garantie à Pessa'h.
Les résidus de fabrication du fromage sont également interdits pour les mêmes raisons: crème de lait extraite du petit lait pour en faire du "beurre" de second choix, lactosérum.
Une tolérance a toujours été donnée au beurre, qui ne peut être fait qu'à partir de lait de vache. Toutefois depuis la modification de la législation, seul le beurre "extra fin" est admis par ceux qui n'exigent pas du lait sous surveillance.
La mention lait écrémé sur une composition peut encore masquer un lactosérum décomposé en poudre de lait et lactose, là encore non admissible.

11 Chimie alimentaire:

La composition des aliments comprend souvent des additifs alimentaires, il est important de vérifier le statut de cacherout de ces additifs.
La glycérine, à la base de nombreux additifs des corps gras, est elle même d'origine très complexe, et elle fait peser des doutes sur tous les produits contenant des monoglycérides, diglycérides, voire triglycérides.
Les fruits secs sont souvent enduits d'un corps gras qui les rend brillants et ne modifie pas la saveur sucrée: là encore une attention est demandée au consommateur soucieux de la cacherout.
En ce qui concerne les corps gras, toute huile strictement végétale aurait dû être acceptable. Or l'huile ne doit pas avoir été "polluée" par des graisses animales, comme cela peut se produire lors du transfert de l'huile brute à partir du pays producteur vers l'usine où la matière brute sera "travaillée": extraction à froid, ou "trituration" à chaud, raffinage. Les conditions des transferts dans des bateaux tankers doivent être prises en compte par tout rabbinat qui voudrait certifier une huile, tout comme les conditions de stockage, et les circuits de pompage. Au stade du raffinage, il y a encore plus de problèmes, car à la différence du transfert, qui ne peut se faire que dans des bateaux citernes affectés exclusivement au transport d'huiles d'origine constante, les usines de raffinage utilisent des circuits communs à toutes les sortes de matière grasse végétales et animales, sans obligation légale de purger les circuits. On comprendra que l'appellation 100% végétale ne signifie dès lors plus rien.Seules quelques grandes marques d'huile, genre Lesieur ou Maurel, qui ont fait l'objet d'enquêtes approfondies, bénéficient de la confiance des autorités rabbiniques.
Les huiles frelatées qui ont sévi ces dernières années en Espagne et au Maghreb sont là pour nous rappeler que si on peut mettre de l'huile minérale dans une production, on peut aussi y mettre de l'huile animale, malgré les législations et les contrôles sanitaires.
Les détergents de lavage de la vaisselle, manuel ou en machine doivent également avoir fait l'objet d'une vérification qui aboutit à la certification d'un produit grand public ou à la production ponctuelle de lots sous surveillance rabbinique.
Qui irait penser qu'une panure peut contenir des dérivés du lait? Encore une merveille de l'alchimie industrielle qui a pu tromper plus d'un consommateur sinon un rabbin peu au fait de la chose.

Imaginez dans votre assiette des chips contenant du lait? Non? Vous n'êtes pas américains appremment!

12 Immersion de la vaisselle (Tevila):

Les ustensiles de cuisine et les services de table doivent être immergés dans un Mikvé (bain rituel) lorsqu'ils ont été fabriqués ou vendus par des non juifs. Et ce même s'ils n'ont jamais été utilisés. (L'utilisation antérieure pour des produits non cachers amènera à procéder à une cachérisation, puis à l'immersion au Mikvé).
Doivent être trempés dans le Mikvé: les ustensiles en métal, en verre, certains plastiques réutilisables.
Cette règle ne s'applique pas aux ustensiles à usage unique, ou aux ustensiles dont le juif ne serait pas propriétaire.

13 Les lois alimentaires, comme d'ailleurs toutes les lois de la Torah, étant destinées à procurer la vie à ceux qui les observe et non les en priver, elles s'effacent totalement devant une nécessité vitale. C'est le cas notamment en cas de maladie mortelle, et dont le seul traitement serait l'absorption de nourritures ou de médicaments à base d'ingrédients non cachers.
Devant une maladie moins grave, et lorsqu'on a le choix thérapeutique, on s'efforcera de choisir des médicaments aux composants permis.
Ainsi sont exclus les fortifiants de type extraits hépatiques ou tout autre tissu animal, humain ou placentaire, les apports de fer à base de sang animal, le calcium d'origine osseuse, les extraits pancréatiques. La limitation de ces produits, depuis que les vaches britanniques sont devenues folles, et que l’on traque les virus suspects dans tous les tissus vivants, a grandement soulagé nos prescriptions, de ce point de vue.
Notons que l'administration d'enzymes pancréatiques à des enfants atteints de mucoviscidose ne saurait être interdite, compte tenu de la gravité de la maladie.
A éviter aussi les produits liquides à base de glycérine : elle y est utilisée non seulement pour ses qualités physiques et chimiques, mais aussi pour sa saveur sucrée. Par contre des comprimés contenant un peu de glycérine sont utilisables, car la saveur sucrée n'est pas perçue, et les quantités sont suffisamment faibles pour être considérées comme nulles ou annulées.
Bien qu'une tolérance soit accordée pour les gélules, la gélatine, qui est fabriquée à partir d'os d'animaux ou de poisson, doit également être évitée dans les médicaments.
Les interdictions concernant le vin et les alcools suspects de provenir du vin, comme c'est le cas en France, pèseront sur certains sirops, gouttes et ampoules buvables, sur des préparations de phytothérapie à base de macérations alcooliques.
Noter l'apparition récente d'une surveillance rabbinique sur une certaine gamme homéopathique.
Les excipients à base de lactose sont tolérés, voire considérés comme "non laits" pour la préparation de médicaments. Dans les sucrettes ou certaines pastilles à la limite de la friandise, par contre, ils sont admis sous la rubrique produits lactés, et évités par ceux qui ne consomment pas le lait d'un non juif, et pour tous, évités après un repas carné.
Les voies autres qu'orales, injections, suppositoires, pommades, spray ne posent par contre aucun problème.

14 Le temps :

Nombre de fêtes, à commencer par le Sabbat, sont célébrées autour d'une table, voire par la préparation de mets particuliers tirant leur origine dans l'histoire juive ou des coutumes locales. La plupart commencent par une sanctification de la fête sur un verre de vin, suivi de l'ablution des mains et la consommation de pain au prélude au repas. Faut il dire qu'il est obligatoire de se laver les mains avant de manger ?
S'il est interdit de faire du feu le Sabbat, et de cuire des aliments, rien ne s'oppose à la consommation de plats chauds, gardés à feu doux depuis l'entrée de la fête.
Les fêtes commencent depuis la veille avant le coucher du soleil, et se terminent le soir suivant, après la sortie des étoiles.

Le nouvel An (Roch Hachana) se situe en Automne, et vient préparer à la fête de Kippour dit le Grand Pardon, où nous jeûnons et demandons à D. , avec tous les préparatifs adéquats, de nous pardonner pour les fautes que nous avons pu commettre, et lui demandons de renouveler sur nous et le monde entier une année de bénédictions et de progrès dans le service divin. Ces deux fêtes sont des jours fériés, à l'exemple de chabbat. Il est d'usage de consommer certains mets dont les noms ou la nature sont évocateurs de bien: du poisson, réputé pour sa fertilité, dont on consomme la tête, ou pour d'autres une tête de mouton, en demandant à D.ieu de nous mettre en tête et non à la queue..., des carottes tant pour leur nom hébreu que leur nom en yddish, une pomme trempée dans du miel, pour souhaiter une bonne année, divers légumes ou fruits dont la façon de pousser, ou les noms en Yddish, ou en judéo arabe, évoquent des bénédictions. (Karta, salka, tamré, kra, roubia, rimon, daguim, ). Sans omettre le rituel poisson farci, ou gefillte fish des communautés ashkenazes, le couscous des communautés maghrébine etc.

Vient la fête de Souccot, dite fête des Cabanes, nous rappelant la sortie d'Egypte, la traversée du désert où nous résidions dans de telles cabanes, et l'entrée dans une terre promise, que seules nos fautes nous ont fait perdre. L'usage est de vivre, ou au minimum prendre certains repas, dans une cabane de branchages sous le ciel. Les neuf jours de cette fête sont très joyeux, et comporte deux premiers et deux derniers jours fériés.
La fête de
'Hannoucah ou fête des Lumières, non fériée, marquée durant ses huit jours par l'allumage successif de une à huit bougies vient commémorer le souvenir de la libération du Temple par les (Hasmonéens) Macchabées, et sa remise en service pour le culte de D. Il est d'usage de consommer des plats lactés durant 'Hannoucah.
La fête de
Pourim, vient rappeler la délivrance des juifs du Royaume perse d'une extermination physique, à l'époque de la reine Esther et de Mardochée, sous le règne du Roi Assuérus. Racine vous l'a certainement raconté. On y consomme des gâteaux particuliers, volontiers appelés "oreilles d'Haman" le méchant de l'histoire.

 

 

15 La Pâque:

La Pâque, qui dure huit jours, est une célébration de la sortie d'Egypte, en tant qu'événement "fondateur" du peuple juif. Elle symbolise la libération des descendants d'Abraham, Isaac et Jacob de leur premier exil, annonce l'union de ce petit peuple au Créateur par la Révélation du Sinaï, le don de la Loi, leur mise en route vers la Terre promise.
Elle préfigure au travers des générations et des divers exils successifs la promesse d'une délivrance imminente qui apportera à la totalité des Nations une connaissance de la nature divine du monde et un épanouissement spirituel et matériel.
Les deux premiers et les deux derniers jours sont fériés, et il est interdit de consommer ou posséder chez soi, ou ailleurs, un tant soit peu de levain ou de dérivé de céréales susceptibles d'avoir levé au contact de l'eau, et qui seraient comestibles.
Les céréales concernées sont le blé, l'orge, l'avoine, l'épeautre, le seigle. Les communautés ashkénazes s'abstiennent également de diverses graines, telles que le maïs, le riz, le millet, la moutarde, le soja, etc...
Les deux premiers soirs sont marqués par le Séder, cérémonie familiale où l'on évoque la sortie d'Egypte et l'importance qu'elle a prise comme symbole de la délivrance future -c'est bientôt ! On y consomme la Matsah ou pain azyme, avec des herbes amères, en évoquant le souvenir du Temple à l'époque où l'on y consommait l'agneau pascal.

Les interdits de Pessa'h:

Ceci inclue certes le pain et les gâteaux, mais aussi les pâtes, tout alcool de grain -et ce sont les meilleurs-, et parmi les médications à base de farine, celles que nos ministres qualifieraient de confort.
A noter que des farines à base de pain azyme pilé peuvent être utilisées par de nombreuses communautés, et que les farines de riz sont consommées par les communautés sépharades.
La vaisselle utilisée à Pessa'h doit être une vaisselle spécialement cachérisée pour la fête, selon un protocole strict, qui vise à en ôter tous les restes de 'Hamets incrustés dans les parois des récipients et ustensiles, des fours et plaques de cuisson. Il est parfois plus simple d'avoir un service réservé à Pessa'h.

On consultera avec intérêt un site consacré à la cachérisation en vue de Pessa'h http://www.kashrut.com/Passover/kashering/
ainsi que le site des fêtes d'Alliance (index de Pessa'h) http://zmanim.alliancefr.com/index.html et le site du Beth Loubavitch http://www.loubavitch.fr/

16 En pédiatrie:
En ce qui concerne le domaine de la pédiatrie, les laits pour enfants sont le fait d'une recherche poussée pour mieux cerner les besoins de chaque nouveau né, en fonction de ses besoins spécifiques de chaque situation. On a cherché à mieux adapter le lait de vache pour le rendre le plus proche possible en quantité, puis en qualité, du lait maternel, à le rendre plus digeste, moins allergènique.
Voici les principaux problèmes rencontrés par des juifs pratiquant en matière de diététique infantile:
a - En premier lieu, l'utilisation de
lipides animaux non laitiers et tout d'abord l'huile oléo, apparue dans les années 70, avec le SMA. C'est un obstacle incontournable. Rien ne peut autoriser une maman à nourrir ainsi son nourrisson, sauf à se trouver en plein désert avec ce seul produit.
Les ovolipides, tout récents, à partir d'oeufs, ne devraient pas poser de difficultés, si ce n'est des secrets de fabrication qui risquent de nous cacher assez longtemps les éventuels additifs utilisés.
Les triglycérides, même qualifiés de végétaux, comportent une fraction glycérine d'origine imprécisable. A défaut d'être franchement permis, ils sont tolérés en alimentation du tout premier né, dans la mesure où ils ne se cumulent pas avec d'autres ajouts suspects. Dans le second âge, malgré les effets bénéfiques accordés par les nutritionnistes, les rabbins préféreront éviter ces produits.
Les huiles végétales leur seront donc préférées.
La présence d'émulsifiants de type mono ou diglycérides devra être évitée.

b - En matière de protéines:
Les protéines extraites de lactosérum sont a priori interdites en alimentation courante dans les milieux orthodoxes.
S'agissant de jeunes nourrissons, une tolérance est cependant accordée. De même que pour la caséine. Lorsque par contre ces produits sont fractionnés par hydrolyse enzymatique par des trypsines d'origine animale, plus rien ne va: même si l'enzyme est dégradée ou inactivée, il y a pour nous mélange d'un produit laitier avec un produit animal, et interdiction. Sauf si les indications de ces laits ont été pesées, et réservées aux seuls enfants suspects d'allergie, aux intolérances aux protéines du lait, aux troubles du métabolisme, aux prématurés et petit poids de naissance. C'est dans ces indications que le recours au Nutramigen, Pregestimil, pour citer les pionniers, a toujours été permis. Tout comme le recours aux laits spéciaux (type Lofénalac).
Les fractionnements par procédés mécaniques, comme l'ultra centrifugation, qui n'aboutissent pas au même type de résultat, ne posent par contre aucun problème.
En matière d'acides aminés, l'apport de produits synthétiques est tout à fait toléré, encore se soucie-t-on de l'origine de ces produits de synthèse: origine de la cystine, de la taurine, de la carnitine: le plus souvent on ignore chez le fabricant l'origine exacte et on craint de dévoiler des secrets industriels en "vendant" les fournisseurs.
c - Le sucrage des laits
Le dextrine maltose est le plus employé. Il pose pour Pâque des problèmes délicats, puisque même s'il est fabriqué à partir de l'hydrolyse du maïs, il n'est jamais garanti hors blé, par les rabbins mêmes qui attestent de sa conformité toute l'année, et justifie une surveillance spéciale "pour Pessa'h", d'autant qu'il existe un eroduction de dextrose à partirde produits qui ne sont pas kitnyot. En pratique, il faut dès décembre, voire avant, suggérer aux parents un lait qu'ils n'auront pas à changer avant la fête, et sinon substituer une quinzaine de jours auparavant le lait choisi, pour en vérifier la tolérance.
Le lactose pose peu de questions, si ce n'est qu'en tant que résidu de fromagerie, mais il est toléré pour les nourrissons.

d - Les farines pour enfants
Les farines pour enfants ne posent pas de problèmes hors Pessa'h, lorsqu'elles sont sans lait. Certaines contenant des graisses dite végétales seront à éviter de principe, dans la mesure où nous disposons de farines sans lait et sans matières grasses.
Durant la Pâque, elles pourront être remplacées provisoirement par des préparations à base de riz, voire de farine de pain azyme, chez un nourrisson sans problèmes particuliers. J'ai toujours demandé à mes amis de "tenir" encore un peu, plutôt qu'introduire trop tôt des farines juste avant la fête.

e - Les petits pots pour enfants
Les petits pots pour enfants, doivent bien sûr exclure tout produit à la viande pour des raisons évidentes, et au poisson, compte tenu de la difficulté d'identifier avec précision la nature cachère de ces poissons. Ils posent de plus la difficulté de savoir avec certitude que les cuves de préparation ne servent pas à cuire des produits non cachers.

f - Les boissons pour enfants, jus de raisin exclus, ne posent pas plus de problèmes.

g - Les apports de vitamine posent peu de problèmes actuellement. Tout au plus durant la fête de la Pâque, les processus complexes de leur fabrication, notamment lors des productions par levures font craindre l'emploi, c'est à dire l'ajout, de milieux de culture à base de farines. Une bonne part des produits Roche sont ainsi fabriqués sous licence rabbinique, qui mentionne l'adéquation ou non pour la fête de Pessa'h.

h - Le recours au lait de lactarium est traditionnellement évité, mais le don au lactarium des laits excédentaires ne pose aucun problème.
Rapportons à ce sujet une histoire empruntée du livre
VEYKARE CHEMO
(Recueil sur la naissance et la circoncision) :

Midrach, cité par Tosfot (Avodah Zarah 10, b)..

"Le lait rend impur, le lait purifie".
A l’époque où Rabbi Yéhoudah Hanassi naquit, les Romains avaient décrété l’interdiction de circoncire. Son père et sa mère le firent cependant circoncire.
(Par suite d’une dénonciation) Rabbi et sa mère furent emmenés pour être présentés devant l’Empereur. En route, elle lui substitua le bébé Antonin, qu’elle allaita jusqu’à leur comparution devant l’Empereur. Constatant que le nourrisson était incirconcis, celui ci les libéra.
Le gouverneur de Judée s’exclama" j’ai vu de mes propres yeux qu’il était circoncis, mais je vois à quel point leur D.ieu leur fait des miracles!".
Le décret fut alors annulé. Le Talmud de Jérusalem nous apprend que par la suite, Antonin apprit la Torah, se convertit et se fit circoncire.

Nous voyons que l'Empereur Antonin avait retiré du lait d'une maman juive une attirance vers la Sainteté de la Torah. On comprend que c'est pour prévenir l'inverse que nos Sages ont recommandé de ne pas donner un nourrisson à une nourrice non juive.

 

Un dossier préparé par K. Acher