Adaptation de Kountrass-News n°14
Tichri 5761. Mise à jour kislev 5762
Avec l'aimable participation de l'editeur.
Adaptation d'un article
pour l'année 5782 - 2022 de "les dates de la Chemita pour l'année
5761"
La Chemita (année chabbatique) a
donc commencé: il nous faut voir en urgence quelles sont les premières
incidences sur notre vie quotidienne. A l’étranger, bien entendu, les
conséquences seront bien plus tardives, ainsi que nous allons le voir.
(source: http://www.magic.fr/kountras/news14a.htm , lien disparu)
Mise à jour le *
Les dates
L’impact de la Chemita sur
la production agricole
La propriété du non-Juif en Terre Israël
Et pour les Juifs de l’étranger?
Et les salades?
Tableau des dates de début
Comme nous l’avons déjà
expliqué dans le précédent article concernant l’année
de Chevi’ith (la septième année), nous ne nous pencherons
que sur les problèmes concernant les simples consommateurs, et non les
agriculteurs. Nous avions déjà averti également nos lecteurs
que nous présentons les thèses respectant scrupuleusement la Chemita,
sans faire appel au héter mekhira.
(Note de K.Acher: il s'agit d'une vente provisoire des terres à un non
juif, non astreint aux lois de la septième année, qui en confie
l'exploitation au fermier juif)
L’un des grands principes qu’il faut clairement établir est le suivant:
s’il est vrai que la Chemita commence à Roch haChana, les
incidences halakhiques sont plus tardives. Pourquoi?
Pour l’agriculteur, la Chemita consiste à permettre à tous
d'utiliser les produits de ses champs ou dans son verger – opération
nommée "rendre hefqer". Ceci ne signifie pas du tout que dès
le lendemain de Roch haChana les vendeurs de fruits et légumes
ferment leurs magasins et que le public se donne rendez-vous dans les vergers
pour cueillir lui-même ses pommes et ses poires! L’idée est peut-être
alléchante, mais en réalité c’est tout à fait autrement
que les choses se passent.
Il nous faut exposer quelques grandes lignes halakhiques avant de passer aux
détails pratiques et au tableau – qui serait incompréhensible
sans la présente introduction:
Les
dates
La production agricole sous ses diverses formes n’est pas concernée
par les lois de la Chemita au même moment! On peut trouver certains
légumes qui sont effectivement frappés par les lois de la Chemita
dès les premiers jours de l’année, d’autres qui ne le seront
que par la suite, et des fruits qui ne poseront problème qu’un an et
demi plus tard…
La raison de ces différences est halakhique, mais d’autres dimensions,
plus pragmatiques, s’y ajoutent également:
— La Chemita des légumes dépend du moment où on
aura cueilli cette production. Les légumes cueillis dès le lendemain
de Roch haChana seront frappés des lois de la Chemita.
— Celle des fruits dépend d’un critère bien plus complexe:
il faut que le fruit ait atteint un tiers de sa pousse au moment de Tou Bichvat,
15 Chevat, (cette année 5782, ce jour tombe le 17 Janvier 2022
– et c’est exactement pour cela que cette date précise est nommée
"Roch haChana des arbres"…) pour ne pas être concerné par
l’année sabbatique. Prenons un exemple: si la plupart des pommes d’un
verger donné ont déjà atteint le tiers de leur taille à
cette date précise, elles ne seront pas frappée par la "chemita",
mais conserveront les lois de l’année précédente.
— L’exception: l'Etrog, qui suit les deux voies à la fois – il
dépend autant du moment de la cueillette que de sa taille à la
date du 15 Chevath. Il faut donc veiller à ce que les étrogim
de cette année-ci, achetés après Roch haChana,
aient été cueillis avant Roch haChana.
— Les céréales et certains autres produits de la même
catégorie dépendent de Roch haChana: si ces produits sont
mûrs à cette période, ils ne sont pas concernés,
cette année-là, par la Chemita ; s’ils ne sont consommables
qu’après Roch haChana, ils sont déjà frappés
des caractéristiques de l’année sabbatique.
Tout ceci serait déjà suffisamment compliqué s’il ne fallait
ajouter, au-delà de la théorie, des données qui dépendent
des conditions locales les plus diverses! Le marché moderne est en réalité
de plus en plus complexe. Les produits que l’on y trouve aujourd’hui ont peut-être
été conservés six mois en chambre froide, viennent d’Espagne
ou ont été importés de Chine… ou mis en réserve
pour servir le public qui ne veut pas consommer de produits interdits durant
l’année de Chemita – un très grand entrepôt est par
exemple utilisé à cet effet pour les consommateurs de l’organisme
de surveillance "Cheérith Israël" dans le Sud du pays.
C’est dire que les responsables d’organismes de surveillance ont fort à
faire et qu’il n’est pas conseillé d’aller acheter des fruits et légumes
au marché sans avoir bien étudié le problème auparavant.
Ceci restera certainement vrai même une fois que vous aurez lu le présent
article…
Le tableau des dates que nous fournissons ici permet cependant
de savoir à partir de quel moment en moyenne tel ou tel produit pose
problème, et jusqu’à quelle date ces problèmes perdurent.
Ces dates sont fournies par le Centre d’étude des lois agricoles selon
la Tora, dirigé par le Rav Yossef Efrati. Ce tableau est considéré
comme étant le plus fidèle à la réalité.
En tout état de cause, les problèmes posés par les légumes
commencent pratiquement au début de l’année de Chemita,
alors que ceux posés par les fruits ne commencent qu’en fin d’année,
avec l’apparition des premiers fruits de saison au printemps!
Nous ne parlerons donc des fruits que plus tardivement dans l’année.
L’impact
de la Chemita sur la production agricole
La production agricole de l’année de Chemita est "sainte",
état qui implique certaines lois spécifiques et en limite l’utilisation.
Ceci est vrai pour les fruits comme pour les légumes, mais nous reparlerons
de la question des fruits en temps voulu – en insistant en particulier sur la
possibilité offerte par la création de "Otsar Beth Din"
(entrepôt dont l'exploitation est confiée au tribunal rabbinique).
Pour les légumes, le problème est différent: les légumes
sont tous frappés par l’interdiction de "sefi’him" (pousses spontanées,
non plantées)! Impossible de constituer un Otsar Beth Din par
exemple, ou d’aller soi-même se servir dans les champs. Nos Sages ont
en effet interdit la consommation de légumes qui poussent durant l’année
de Chemita, de peur que les gens n’en viennent à semer des légumes
malgré l’interdiction (selon certains avis, cet interdit frappant les
légumes est du niveau toranique).
Sera-ce donc la pénurie la plus totale des légumes cette année?
Rassurons-nous: il sera possible de trouver en temps voulu la plupart des légumes
courants, en toute légitimité halakhique.
En gros, les sources d’approvisionnement de légumes sont les suivantes,
étant entendu que la production de producteurs juifs de légumes
dont les terres sont situées au centre du pays n’est pas permise.
— Les organismes de surveillance orthodoxes peuvent s’approvisionner à
l’étranger, dans le cadre de l’importante importation effectuée
de toutes manières de divers pays – y compris en Jordanie où il
s’avère que certains grossistes juifs ont commandé encore sur
pieds une bonne partie de la production agricole.
— Sur les terrains juifs conquis uniquement par les Juifs du temps de la Sortie
d’Egypte et non repris par ceux qui sont revenus de Babylonie, il n’y a pas
d’interdiction de Sefi’him. Il s’agit de certains territoires quelque
peu excentrés, sur le Golan, dans la région de Beth Chéan,
en Galilée occidentale, le Sud du Négev, Gaza, etc. – chaque question
ponctuelle demandant à être posée à une autorité
rabbinique. En revanche, sur les territoires conquis lors du retour de Babylonie,
qui représentent la majorité du pays, l’interdiction de Sefi’him
s’applique.
La
propriété du non Juif en Terre Israël
Une grande question s’est posée voici déjà plusieurs
siècles quant à la production agricole non juive en Terre Israël:
est-ce que le fait qu’un non Juif soit propriétaire d’un terrain le dispense
totalement des lois régissant Terre Israël ou non (cf. Kountrass
no 1)? Inutile de préciser que la question s’est posée avec
des propriétaire réels, et non dans le cadre du héter
mekhira.
Cette question entraîne de nos jours deux conduites différentes:
— A Jérusalem, la règle suivie généralement veut
que le non Juif soit considéré comme ayant le pouvoir hilkhatique
d’annuler la sainteté de la terre par le simple fait qu’il est propriétaire
du terrain.
— A Bné Braq, sous l’influence hilkhatique du ‘Hazon Ich, on se range
généralement à la seconde conception, selon laquelle le
non Juif n’a pas ce pouvoir.
Il est évident qu’à défaut, il vaut mieux suivre la pratique
de Jérusalem: elle simplifie réellement l’existence! Dès
lors, quand on achète dans les magasins surveillés par la ‘Eida
ha’Harédith de Jérusalem (Tribunal Orthodoxe de Jérusalem)
, il n’y a rien d’autre à faire que de… payer, et d’utiliser ces
légumes sans restriction aucune.
Selon le ‘Hazon Ich, il faut respecter pour les légumes achetés
chez le non Juif toutes les règles qui s’y rapportent: ne pas les peser,
ne pas les utiliser autrement que selon les manières habituelles (ne
pas cuire ce qui est consommé généralement cru, et vice-versa),
ne pas jeter les épluchures et les restes aux ordures mais attendre qu’ils
pourrissent.
Nous n’insisterons pas sur ces points dans le présent article: nous y
reviendrons plus tard, lorsque nous parlerons de la conduite à suivre
pour des fruits achetés dans le cadre d’un Otsar Beth Din – autrement
dit, dans quelques longs mois. Nous admettons que les personnes qui suivent
le ‘Hazon Ich sont suffisamment averties et n’ont pas besoin de nos explications.
En pratique, il est important d’insister ici sur un point précis d’une
haute importance: peut-on acheter des légumes chez des Arabes, chez eux
ou sur leurs marchés? Rien n’est moins évident: ils peuvent facilement
s’approvisionner sur les marchés juifs. Le fait que les prix proposés
puissent être intéressants ne prouve strictement rien: justement,
il se peut que les légumes proposés proviennent de producteurs
juifs qui ont des difficultés à trouver un marché pour
leur production, parce qu’ils ne respectent pas la Chemita.
Peut-on acheter des légumes sur le marché juif, sans certificat
de surveillance? C’est autour de cette question que le scandale a éclaté
récemment: les Grands rabbins de Jérusalem, de Re’hovoth, de Herzlia
et d’autres villes ont déclaré qu’ils ne voulaient pas permettre
que les marchés de leurs villes accueillent de production basée
sur le héter mekhira. La question est de savoir si telle sera
la conclusion sur le terrain mais, si la réponse est positive, il sera
effectivement possible de s’approvisionner chez n’importe quel marchand de légumes
dans ces villes-là. Bien entendu, c’est un point à vérifier
en temps voulu.
La Chemita va donc s’introduire dans notre cuisine pas à pas au
courant de l’année qui commence. Chaque produit a sa date de départ,
et la période à partir de laquelle la nouvelle production apparaît
sur le marché est indiquée, ce qui ne pose plus problème.
Nous publions donc ici un tableau général des principaux produits,
en nous basant comme dit sur les travaux du Rav Efrati.
Nous ne mentionnons pour l’instant que les légumes. Les fruits suivront.
Nous citons ici des produits frais: il est évidemment très difficile
de savoir quand des produits congelés ou des boîtes de conserve
arrivent sur le marché.
Et
pour les Juifs de l’étranger?
Nous n’avons abordé dans le présent article que la question
des légumes. Celle des fruits se posera plus tard dans l’année,
et nous y reviendrons si D. veut.
On peut trouver des légumes en provenance d’Israël sur les marchés
de l’étranger, en particulier des primeurs.
Si ces légumes sont d’origine arabe, une bonne partie des décisionnaires
pensent que la production n’a pas de sainteté inhérente à
la Chemita et elle est permise – selon le ‘Hazon Ich, il faut cependant
respecter la Qedouchath Chevi’ith dans un tel cas.
Ces quelques remarques ne sont que théoriques cependant: dans la réalité,
il est impossible de savoir quelle est l’origine d’un légume "made in
Israël" que l’on trouve à l’étranger, et il est plus que
probable que les produits en question proviennent de producteurs ne respectant
pas la Chemita, et ils sont donc interdits.
Dans le cas de boîtes de conserve, toutefois, il peut arriver que l’on
trouve en ‘Houts laArets des produits surveillés par le Badats
de la ‘Eida ha‘harédith, qui considère que les produits
arabes ne sont pas concernés par la sainteté de la Chemita,
et ils sont permis sans problèmes. Une personne désirant suivre
les décisions du ‘Hazon Ich et considérer que ces produits ont
la sainteté de la Chemita devra essentiellement faire attention
à ne pas jeter des restes de ces produits.
Et les salades?
Bonne nouvelle pour les fidèles consommateurs de salades! Ils
n’auront aucun problème à continuer à en consommer durant
l’année de Chemita, sans restriction aucune, même à
l’étranger.
Comment est-ce possible? Il faut savoir que les grandes compagnies qui proposent
des salades garanties sans insectes sont pratiquement toutes installées
dans la région du Gouch Katif, c’est-à-dire à côté
de Gaza. Outre quelques doutes quant à l’obligation de Chemita dans
cette région qui n’est pas forcément incluse dans les territoires
conquis lors de la montée des Juifs de Babel, ces salades poussent en
enceinte fermée et sur des sols séparés de la terre de
manière hermétique (ne serait-ce que pour éviter que les
insectes puissent pénétrer les serres). Ceci, avec encore quelques
autres aménagements halakhiques pris avec l’accord du Rav Elyiachiv,
fait que ces salades ne sont pas concernées par la Chemita et
sont exportables!
Nous ignorons à l’heure actuelle si cette information concerne réellement
toutes les sortes de salades, mais en tout cas celles qui seront garanties par
la Rabbanouth de Jérusalem ou par l’organisme de cacherouth
de Cheérith Israël sont consommables.
Le dossier
Fêtes d'Alliance comporte un chapitre de généralités
sur l'année de la Chemitah