La cacherouth

Un dossier préparé par K. Acher
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Le chien qui "faisait" le cacher



La ville de Karlsbad a toujours été une grande ville de cure. Grande aussi par certains de ses habitués, Rabbins et Rabbis 'Hassidiques de toutes obédiences qui s'y trouvaient.
C'est ainsi qu'un jour, Rabbi Mordekhaï Banett de Nicolasbourg y fit la connaissance d'un jeune "rabbin" réformé d'une ville d'Allemagne. Celui se vanta de pouvoir résoudre de lui même tous les problèmes halakhiques de sa communauté, sans avoir besoin de se référer à une autre autorité. Rabbi Mordekhaï comprit rapidement à quel genre de personnage il avait affaire.
Et que faites vous si se pose une question complexe sur des aliments permis ou interdits, et qui nécessite une réponse rapide et sans ambiguïté: cacher ou non cacher?
C'est vrai que je ne suis pas apte à pénétrer jusqu'au fond des discussions rabbiniques sur le sujet, et j'opte donc pour l'opinion la plus rigoureuse, j'interdis l'aliment.
Rabbi Mordekhaï esquissa un sourire.
Ca me rappelle une histoire que j'ai entendue.
Un villageois proche de Nicolasbourg élevait des oies et des poules, dont il tirait sa subsistance. Après être passé chez le Cho'het, pour l'abattage rituel, il allait vendre aux uns leur graisse, aux autres leur chair, et il lorsqu'il avait vendu les plumes, il rentrait chez lui fort enrichi, pour le plus grand bien de sa maisonnée. Mais, tout n'était pas aussi facile. De temps en temps, le Cho'het trouvait un problème après l'abattage, et il fallait consulter un Rav pour une "question". Notre villageois attelait sa charrette, y chargeait les oies douteuses, et se rendait à la ville pour les présenter au Rav. Charger, trottiner, décharger, attendre, charger, trottiner, décharger… Ajoutez à cela la pluie, le froid, le temps perdu, vous comprenez le désarroi de notre homme.
Un jour, un de ses visiteurs, un mauvais plaisant lui raconta une autre façon de trancher les "questions".
La Torah, lui expliqua-t-il avec beaucoup de sérieux, a écrit que "la viande taref vous n'en consommerez pas, vous la jetterez au chien". La viande taref est donc la part du chien. Il te suffit donc de mettre la viande devant le chien. Si le chien la mange, c'est qu'elle n'est pas cachère. Sinon, c'est une viande cachère et il n'y a plus de question.
Séduit par la simplicité du système, notre villageois se mit à consulter son chien sur les sujets de Cacherouth. Celui ci se jetait sur la viande avec grand appétit, et notre homme était persuadé que ses oies étaient donc taref.
Il lui fallut un certain temps pour réaliser que son chien déclarait trop souvent taref la viande qui lui était présentée, et que peut être il était préférable de Charger, trottiner, décharger, charger, trottiner, décharger … plutôt que consulter ce chien.
Il reprit donc le chemin de la ville. Surpris de le revoir après une si longue absence, les Rabbins lui demandèrent s'il avait cessé l'élevage, ou si ses oies étaient brusquement devenues toutes cachères.
Non pas messieurs, je continue à élever mes oies. Mais ces derniers temps, c'était mon chien qui tranchait de la Cacherouth de mes oies.
Malgré un rire difficile à contenir, ils lui demandèrent quelques explications, qu'il donna en toute bonne foi.
Mais pourquoi reviens tu nous voir, alors?
C'est là le problème, messieurs les Rabbins, mon chien est trop rigoureux. A tous les coups il trouve mes oies taref…

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